Les Haïtiens disposent d’une solution à la crise en Haïti

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Photo of Haitian man carrying his daughter Valerie Baeriswyl / AFP / Getty Images / Council on Foreign Relations

Nou bouké. Nou bouké. Nou bouké. Leve kanpe.

La femme criant ces mots en créole a été filmée lors d'une manifestation sous le chaud soleil de midi, quelque part en Haïti, à la mi-juillet : “ Nous sommes fatigués. Nous sommes épuisés. Nous en avons eu assez. Il est temps de s'élever. ”

Son cri a été suivi d'un autre, puis d'un autre, de la houle de corps bouleversés et tremblants, tous criant que les Haïtiens ne pouvaient plus accepter l'état de crise constant du pays. Chaque cri se terminait par une incitation à l'action passionnée : “ Leve kanpe ! ” ou “ Lève-toi ! ” le teledjol, ou moulin à commérages, étant ainsi Haïti, la courte vidéo est rapidement devenue virale.

Les manifestations, auxquelles ont participé quelques centaines de personnes dans les villes haïtiennes de Saint-Marc et de Jacmel, ont commencé quelques jours après que l'attention d'Haïti, et même du monde, ait été captée par des événements au Sri Lanka, où des centaines de milliers de personnes avaient rejoint une révolte sans effusion de sang contre les hausses de carburant, l'inflation, la corruption et l'inefficacité qui ont finalement évincé le président du pays, Gotabaya Rajapaksa. Les Haïtiens ont manifesté régulièrement depuis 2018, mais n'ont pas encore forcé un résultat aussi dramatique.

En juillet 2018, des manifestations massives et généralisées ont éclaté dans tout le pays en réponse aux réductions des subventions aux carburants, puis se sont tournées pour exprimer un outrage plus généralisé face à la corruption et à l'impunité du gouvernement. Beaucoup ont appelé le président de l'époque, Jovenel Moise, à démissionner, mais même ces mobilisations sans précédent n'ont pas conduit à un changement systémique. Il y avait peu de reconnaissance, que ce soit de la part du gouvernement de Moise ou de la communauté internationale, du mal que son régime avait infligé à l'économie et au système politique haïtien. Il est resté en fonction, assuré de son soutien des pays comme les États-Unis, ainsi que des riches et puissants oligarques haïtiens.

On voit ce que se passe aujourd'hui, la violence, l'impunité et les troubles économiques n'ont fait qu'empirer, surtout ces derniers mois, alors que des gangs criminels lourdement armés ont étendu leur contrôle territorial. Actuellement, ces groupes violents contrôlent plus de 50 pourcent des terres en Haïti. Pendant ce temps, le gouvernement du Premier ministre intérimaire Ariel Henry, qui a pris la relève après l'assassinat de Moise en juillet 2021, est resté avec ses bras croisés pendant que la catastrophe engloutit le pays. Et depuis la mi-août, de nouvelles manifestations contre la montée de l'insécurité et les prix élevés du carburant et des denrées alimentaires, ainsi que l'appel à la démission d'Henry, ont éclaté dans la plupart des grandes villes du pays. La colère du public est palpable.

Il y a des raisons de croire que les mobilisations de masse pourraient avoir un résultat différent aujourd'hui. Depuis mars 2021, la société civile haïtienne ont travaillé avec ardeur pour développer des solutions locales innovantes aux problèmes du pays, y compris un projet de transition dirigée par les Haïtiens qui pourrait bien tracer une nouvelle voie pour le pays. Pour que ce plan fonctionne, les changements devront être profonds et transformateurs, et le processus de mise en œuvre doit être aussi inclusif et habilitant que possible. Cependant, jusqu'à présent, l'administration d'Henry semble plus intéressée à protéger son pouvoir actuel qu'à développer de vraies solutions basées sur le consensus.

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